La légende d'Ernie
un héros de Bretagne
Chant 9, Tohu-Bohu
1968
Qu’avons-nous fait de cette liberté de penser, de créer, gagnée à coup de pavés, et de Tohu-Bohu à l’Académie des Beaux-Arts ?
J’avais trois ans en 1968 et pendant toute ma jeunesse, j’ai vécu avec bonheur le ressac des contestataires dénonçant un art officiel trop lèche bottes. Je n’ai pas toujours tout compris, mais tout autour de moi respirait l’air frais des nouveaux périscopes dans le Réel. Dans la cour de primaire, on citait encore «Sous les pavés la plage» et en colo, j’étais fasciné par l’absurdité récursive de «Il est interdit d’interdire.», par l’impossible fantasme de l’autogestion.
Mai 1968, EB n’était même pas encore dans les choux. Warhol allait porter un corset et le gamin Basquiat avait déjà du mal à se peigner.
Mais j’ai compris bien plus tard que j’avais traversé en toute innoscence le plus bel acmé de ce que l’humain perçoit de lui-même. Dans les galeries et les ateliers on y osait tout, on avait trouvé le dipole magnétique, en-deça duquel l’art n’existait pas encore totalement, au-delà duquel l’art n’existait plus du tout. On y oscillait entre Mona Lisa au Louvre et le vide comme manifestation ultime de l’artiste, rue Campagne-Première. L’Art à haute fréquence et bien avant AC/DC.
Divinement là, ici et maintenant. Pas besoin de No Future ou de lendemains qui chantent. Tout était là à porté de pavé, de coktail molotov, de Lacan, de Sarte et de Beauvoir. En deuil pourtant de mon tendre Camus.
L’art actuel est né à Paris en 1968... Basta.
Chauvin, certes, réaliste surtout.
Mais qu’avons-nous fait de ce moment magique ?
« What have we got ? »


eR.B. OBEY / DISOBEY (Tribute to)
2014 - Acrylique sur carton 30x20 cm
Collections particulières

eR.B. 1968 #2
2016 - Acrylique carton d'emballage
Collection particulière
eR.B. 1968 #1
2009 - Acrylique carton d'emballage
Collection particulière
