Chant 6, Enantiodromie 1

FUCK Mp3

Révolte has been...​

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2009 : après le pick-up à la plage des années 60 puis la lourde sound machine des années 1970, après les kilomètres de bandes magnétiques défilant sur le bitume des walkmans... est arrivé le mp3. Boulimie vampirique, musique jetable, support reconditionable, où l’exploit se mesurait d’abord au taux de compression et de restitution des données. Tandis que la liberté se savourait à centupler l’éventail pirate du choix des possibles ici, là, maintenant, pour un éventuel là-bas et toujours dans Ma poche. Le Moi en synthonie avec le Ma, le Mon et les Mes. 

Après tout, pourquoi pas ? L’artiste musicien évoluait sur une courbe logique de dématérialisation depuis le phonautogramme de 1857. 

Après tout, pourquoi pas ?  Homère, Plutarque et Rabelais ont rêvé de ces systèmes de «paroles gelées» restituées à l’envie. De plus, le MP3 allait encore plus loin, non seulement il était apte à faire mémoire de ces «paroles», mais offrait en corollaire toute une technologie domestique facilitant le hachage, le mixage... la création d’autres sons et mélodies. Orgasme de liberté, Mon-moi se sculpte à discrétion depuis le Mon de l’Autre et en suce sans vergogne l’énergie.

Peu importe la fidélité de restitution du moment que je puisse m’y reconnaître.
Es-ton fidèle réellement à soi-même ?

«Fuck mp3» ? Ernie, là, ta révolte est has been. Aujourd’hui, on ne peut rêver plus belle Liberté que celle offerte par l’Autre à son gré ou contre celui-ci.
 

L’objet d’art, c’est quoi ?

... forward ‘n streaming back..

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Pourtant «Fuck mp3» m’émeut, me remplit d’aise.

Sur cette galette cohabitent deux strates, deux univers, deux choix d’être au monde.

Gravé à jamais dans le coeur du vinyl, bat avec fidélité le poul du musicien.
Plaqué par dessus, le mp3 au comble de sa dématérialisation. C’est Ernie qui l’incarne, à force de cris et de gesticulations, en révolte contre notre liberté à outrance.

Ernie m’émeut, il est semblable à ces désespérés piquets de grêve paralysant l’usine qu’ils défendent pourtant  bec et ongles. Tant qu’Ernie est sur ce vinyl je ne pourrais sillonner le poul du musicien.

Ernie me remplit d’aise. Enantiodromie, allers et retours, vibrations générées par les opposés, entre la perfection du vinyl et Ernie l’égosillé. 

Je fais mon deuil du poul du muscien, m’amuse du romantisme d’Ernie et m’interroge sur le monde tel qu’il est, ici et maintenant.