Guiro, Jusqu'au Nord des Choses : le dépassement héroïque de Soi.
- Fabrice LAUDRIN
- 2 mars
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 mars
Guiro (2024). Le Bout du Monde [Acier Inox - patine bleue].
Galerie Guiro, 7 rue du Port, Pont-Aven, France.

Le Bout du Monde, c’est l’histoire d’un type qui grimpe, mais pas en se laissant porter par le vent ou en comptant sur un coup de pouce du destin. Lui, il s’agrippe, il force, il veut voir ce qu’il y a là-haut, au Nord, là où ça caille mais où ça brille aussi. Un môme qui escalade un mur pour percer un secret, un alpiniste qui s’attaque à une face nord parce qu’elle est là, parce que c'est sport et que c'est beau. Pas de hasard, pas de miracle, juste de l’acier, de l’inox et une furieuse envie de voir au-delà.
Au cœur de cette épopée se trouve une roue en acier, vestige d’un temps où les charrettes faisaient plus de bruit qu’un concert de rock. Ce vacarme métallique, rappelant le grondement de Taranis – ce dieu du tonnerre qui, lui aussi, aimait bien mettre un peu d’ambiance – n’est pas qu’un bruit : il est le cri du dépassement, l’appel à repousser ses propres limites. Autant dire que chaque tintement sur l'acier vous chuchote, avec un brin d’ironie, qu’il est temps de sortir de sa zone de confort.
Mais le vrai tour de force réside dans la symbolique profonde, celle du haut de notre propre planisphère. Ici, le Nord n’est pas qu’un point sur une vieille carte moisie, c’est le sommet intérieur, l’ultime victoire sur la routine qui nous colle à la peau. Le personnage qui y parvient, c’est un peu l’anti-héros de nos petits drames quotidiens, celui qui se rebelle contre la gravité, la pesanteur, de la vie avec une audace désarmante.
Le Bout du Monde ne se contente pas d’occuper l’espace dans votre salon, il change votre façon de voir. Il raconte vos propres victoires, grandes ou petites, et vous rappelle que l’impossible ne l’est que jusqu’à ce qu’on l’ait fait. On sourit devant tant d’audace, et sans même s’en rendre compte, on se laisse prendre au jeu. Après tout, il suffit parfois d’un simple bout de métal pour transformer le quotidien en une aventure.

Et puis, peut-on imaginer une sculpture plus bretonne ? Le Bout du Monde, c’est le Penn Ar Bed, la fin des terres, le Finistère incarné, la révolte en acier contre la grisaille du quotidien.
On vient de loin pour sentir le vent capricieux de la Pointe du Raz, et, croyez-moi, cette sculpture, c'est la même dose de sensations. Agrippez pendant deux secondes l’acier de cette roue de charrette et c’est tout votre univers qui vibrera dans votre poigne.
Cette sculpture de Guiro, c’est un sourire en acier, un pied de nez au sérieux, la preuve éclatante que l’audace et la légèreté, quand elles s’y mettent, peuvent transformer n’importe quel bout de ferraille en épopée.