Notice d’inventaire n°1 — De 8 à l'infini. Micro-exposition d'Objets Restés sur le Seuil
- Karl Morysidès

- 31 mars
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 avr.

Au-dessus de la porte, un chiffre. Le 8.
Juste un numéro, dira-t-on.
Une adresse comme une autre.
Mais juste à côté — si l’on sait regarder — un autre huit, allongé cette fois, comme un clin d’œil discret à ceux qui passent sans fuir.
Le premier se tient droit, tendu, presque fier.
L’autre se couche,
non pas pour s’effondrer,
mais pour s’étendre doucement sur le sofa bleu d’un soir d’été.
Car ici, au 8 de la rue de Rozambidou,
il ne s’agit pas de guérir.
Il s’agit de tourner,
de s’étonner,
de remonter la clepsydre à main nue,
grain après grain,
goutte après goutte
mot après mot.
Le huit debout est un sas.
Un seuil.
Un instant de bascule entre deux formes du temps.
grain après grain,
goutte après goutte
mot après mot.
Et quand il se couche, il devient ce signe qu’on appelle "infini",
mais qui, en réalité, ne promet rien d’éternel.
Il offre du temps.
Il prolonge l’attente.
Et c’est là que tout se retourne.
Car celui qui entre ici n’est pas un numéro.
Et pourtant…
Le Numéro 8, c’est vous.
Celui qui cherche.
Celui qui proteste.
Celui qui doute,
et qui revient.
Mais ici, pas de "Village du prisonnier".
Pas de voix mécanique.
Juste une pièce,
un fauteuil,
un intervalle.
Et ce mot magnifique, trop souvent oublié : PATIENT.
Non pas "celui qu’on soigne",
mais celui qui attend sans fuir,
qui parle, s'étonnant souvent de ses propres mots,
et qui, parfois, entend quelque chose.
Tout au fond, bien en façade, le 8 le sait.
L'a toujours su.
Il n’en dit rien.
Maintenant il vous laisse passer.
allongé vers l'infini, vers tous les possibles.



