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Installation filmique - Albert - After burner #1 - Peut-on survivre à notre propre combustion ?

  • Photo du rédacteur: Fabrice LAUDRIN
    Fabrice LAUDRIN
  • 12 mars
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 mars


Albert - After burner #1, FAb, 2025, numérique de 10 secondes

Il marche. Toujours et encore. Albert avance, silhouette nerveuse découpée sur les vestiges d’un monde qui l’a déjà oublié. Il n’a rien à prouver, rien à dire. Il n’est ni héros, ni martyr, juste un type qui continue dans le monde d'après.


Les ruines pseudo "corinthiennes" l’entourent, colonnes usées, vestiges d'une toiture protectrice, rouges complémentaires à sa crête bleue, fresques délabrées, un décor taillé pour un passé mort.


Lui seul semble encore debout, étranger à tout, surtout à lui-même. Sa crête punk bleue électrique, dérisoire, immuable, se dresse comme un totem perdu dans un paysage qui l’ignore.


L’image tourne en boucle. Albert sent le vent de la vie sur sa crête, observe l’horizon, marche encore. Puis recommence. Et là, quelque chose s’installe. Une mécanique absurde. Une errance qui n’a plus de sens, mais qui ne peut pas s’arrêter. C’est un rituel qui ne mène nulle part, une combustion lente qui ne produit plus de lumière.


Le titre claque : "After Burner". Le dernier souffle après l’explosion, la poussée inutile quand le moteur est déjà mort. C’est l’instant d’après, quand tout devrait être fini mais qu’un résidu s’accroche encore. Le punk était une flamme. Albert est ce qu’il en reste : une braise qui refuse de s’éteindre, une silhouette qui continue par simple inertie.


Dans cette œuvre numérique, FAb ne fige pas Albert dans le passé, il le condamne au présent perpétuel. Le No Future des punks était une fin immédiate, un refus catégorique de l’héritage, une négation du lendemain. Mais voilà que le personnage survit à son propre slogan. Il est trop tard pour mourir jeune, trop tôt pour disparaître complètement. Alors il continue, répète les mêmes gestes, pris dans une boucle dont il n’est même plus sûr d’être le créateur.


Le support amplifie l’absurde. La première version de cette œuvre était un NFT, une belle ironie, pour ne pas dire un doigt d'honneur : une image gravée dans le marbre du numérique, sécurisée, ficelée, à jamais, le contraire absolu d’un mouvement punk qui, de plus, refusait toute postérité. Elle vient d'être étendue sur YouTube Shorts pour pousser l'ironie encore plus loin. Albert ne se contente pas d’exister, il se propage, se duplique, réapparaît sur les écrans d’inconnus, glissant dans l'interstice, entre deux vidéos plus bruyantes, plus tapageuses, silhouette errante échappée d’une époque où il ne voulait pas d’avenir.


Il est là, sans alternative, sans explication, sans fin. Il ne revendique plus rien, ne lutte plus contre personne. Il marche encore. Pas pour aller quelque part, juste parce que c’est la seule chose qui lui reste.


Et si Albert pouvait encore lâcher un mot, juste un, ce serait sûrement un truc du genre :

"Punaise… Ça manque quand même de sortie de secours, votre éternité."


Le fichier est disponible dans sa version YouTube Short, puis sera projeté ponctuellement sur les rideaux du cabinet Art & Psy, 8 rue de Rozambidou à Pont-Aven au printemps 2025.




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