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Rimbaud. Introduction

  • Photo du rédacteur: Fabrice LAUDRIN
    Fabrice LAUDRIN
  • 5 avr.
  • 2 min de lecture

Certaines phrases n’ouvrent pas la pensée. Elles l’empoisonnent d’intelligence, l’embourbent de sens, la figent comme un cadavre dans du formol académique. Et puis il y a ça :

"J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse." Rimbaud, A. (1873/2021). Phrases. Dans A. Guyaux (Éd.), Illuminations (pp. 78–79). Paris : Gallimard, coll. “Poésie”.

Rien à interpréter. Rien à commenter.

Seulement cette sensation : ça bouge.

Ça coupe.

Ça traverse.

Ça fait surgir une danse, un gouffre, un axe.


Rimbaud n’est pas un poète. Rimbaud est une faille active dans le langage. Un interstice organisé. Un tremblement en syntaxe.


Et c’est là que la psychanalyse du Seuil prend feu. Car ce que Rimbaud fait à la langue, l’art le fait au monde. L’œuvre, la vraie, ne montre rien : elle perfore. Elle crée du passage, du vertige, un déplacement brutal du visible vers l’illisible.


Ce que cette série de cinq textes propose — et elle n’excusera rien — c’est une grille clinique et poétique d’analyse de l’art fondée sur la torsion rimbaldienne du monde.

Un art qui ne cherche pas à séduire, mais à désorienter.

Un regard qui ne cherche pas à comprendre, mais à être altéré.


Cinq textes, cinq déraillements :

Le Je est un seuil — sujet de l’œuvre, sujet de la perte.

Le langage est une blessure — l’œuvre comme béance.

L’errance est méthode — l’artiste ne sait pas où il va, mais il y va.

L’enfer est moteur — ce qui ne se guérit pas produit du sens.

Le surgissement est vérité — ce qui apparaît n’était pas prévu.


Chaque texte sera un billet-clinique, une perforation méthodique, une tentative de laisser Rimbaud parler depuis les œuvres.

Pas sur elles. Pas à leur place.

Mais en elles, comme une lumière noire, un soufre.


Nous conclurons par un tableau que tous croient connaître — L’Origine du monde de Courbet — relu non comme un sexe, ni une provocation, mais comme le poème ultime que Rimbaud n’a pas écrit.


Rimbaud n’est pas à lire.

Il est à activer dans le regard, dans le cabinet, dans chaque image qui vous brûle et que vous n’arrivez pas à penser.

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