Ce qui est art
est la vibration entre deux pôles

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Condamné par un destin cruel à errer loin du doux royaume de l’Éden maternel, Ernie, âme égarée sur les sentiers de Mélancolie, se cherchait inlassablement. 

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Sur les rives du Lethê, il convoqua de nouveau les ombres de Basquiat, Warhol et quelques autres esprits vagabonds. De ces amours post-mortem naquirent pourtant quelques hommages, fantômes prégnants hantant les confins de ce qui nous fait.

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Hélas, les révoltes d’antan, autrefois ardentes comme les braises d’un feu sacré, ne sont aujourd’hui que reliques d’un âge révolu, usées jusqu’à la corde funeste du pendu. Les rois sans dauphins se meurent, piétinés et dévorés par leurs bouffons, marionnettes grotesques d’un théâtre délabré.

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Les antiques bannières qui lacéraient jadis le voile du consumérisme ne sont plus que de lointaines charges de cavaliers solitaires et romantiques.

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On les célèbre désormais dans de fastueux écrins, relais de chasse exhibant les derniers spécimens d’espèces que nous avons nous-mêmes anéanties. Formol d’un monde avorté, dans le giron morbide des Vanités. Musées-nécropoles.

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Désormais seul sur les rives du Lethé, il accepta son destin : l’art est lui, pour peu qu’il accepte la déchirure,  de devenir enfin libre et bipolaire.